Depuis 1948, est l’un des temps forts des saisons lyriques et musicales internationales. Le haut niveau de sa programmation et le charme des nuits d’été provençales qui servent d’écrin à ses spectacles se combinent pour y créer une atmosphère unique. Du 4 au 27 juillet 2013, le Festival présentera 5 opéras : Rigoletto de Giuseppe Verdi, Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart, Elektra de Richard Strauss, Elena de Francesco Cavalli, The House Taken Over de Vasco Mendonça.

Opéras | Juillet 2013

Rigoletto de Giuseppe Verdi
Direction musicale : Gianandrea Noseda | Mise en scène : Robert Carsen | London Symphony Orchestra

Composé en 1851 en seulement quarante jours , Rigoletto appartient au génial triptyque verdien de la maturité, avec Il Trovatore et La Traviata. Francesco Maria Piave écrit un livret à partir du Roi s’amuse de Victor Hugo, une pièce de 1832 censurée en France car traitant de la dépravation d’un roi et de sa cour. Piave et Verdi, afin d’échapper à la censure de l’Empire austro-hongrois qui les menace pareillement, transposent l’action…
A la cour des Gonzague, ducs de Mantoue, la concupiscence du jeune duc régnant est sans limites, l’impliquant dans des entreprises moralement désastreuses, pour lesquelles il est systématiquement chaperonné par son complice, le bouffon Rigoletto. Redouté pour sa langue cruelle, âme damnée du Duc tout en méprisant sa folle inconstance, le bouffon exaspère les courtisans, inquiets de son ascension. C’est Gilda, l’unique enfant de Rigoletto, un trésor qu’il cultive jalousement à l’écart du monde, qui sera sa faiblesse et son châtiment. Courtisée puis séduite par le Duc, enlevée avec la complicité de Rigoletto qui croit livrer une autre jeune fille, Gilda finira par choisir de mourir pour sauver le Duc, celui qui lui a montré l’amour.
Marquant le bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi, compositeur emblématique de l’Italie né en 1813 à Roncole dans la province de Parme, Rigoletto est une nouvelle production du Festival d’Aix-en-Provence, qui ouvre, par sa dimension méditerranéenne, le partenariat avec Marseille Provence 2013. Ce spectacle offre ainsi au metteur en scène Robert Carsen l’occasion d’effectuer son retour au Festival d’Aix, qu’il a fortement marqué dans les années 1990.


Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart
Direction musicale : Marc Minkowski | Mise en scène : Dmitri Tcherniakov | London Symphony Orchestra

Le rire à l’effroi enchaîné. De toutes les manifestations du mythe donjuanesque, l’opéra de Mozart est la plus riche, la plus contrastée, la plus surprenante. Dès l’ouverture de ce dramma giocoso où l’effrayante grandeur de la musique infernale se mue en course échevelée, le ton est donné : fort de ses mille et trois conquêtes, le libertin danse au-dessus de l’abîme. Prédateur de Donna Anna dont il tue le père, de Donna Elvira dont il renie le mariage, de Zerlina dont il trouble les noces, Don Giovanni ne sera arrêté dans sa course folle que par une statue de pierre qui l’invite à un banquet où l’on ne mange pas de nourriture terrestre. Et soudain les quiproquos équivoques de l’opera buffa laissent place à une béance métaphysique qui fascina les romantiques. Plus de deux siècles après sa création, cet opéra emblématique du Festival d’Aix-en-Provence conserve toute sa puissance. Et le metteur en scène Dmitri Tcherniakov nous en offre une vision incisive, tendue et résolument moderne.


Elektra de Richard Strauss
Direction musicale : Esa-Pekka Salonen | Mise en scène : Patrice Chéreau | Orchestre de Paris

Première des six collaborations entre Richard Strauss et le poète Hugo von Hofmannstahl, Elektra est créé à Dresde en 1909, opéra en un acte, d’un dramatisme exacerbé traité en une ligne droite meurtrière. On est projeté dans le vif de la tragédie, librement adaptée de Sophocle, et dans une musique sans concession, que Strauss lui-même considérait comme « l’extrême limite de la capacité d’audition des oreilles d’aujourd’hui [1909] ». Au centre, un corps vissé à sa douleur, obstiné et sans équivoque, celui du personnage éponyme, Elektra, qui fait ainsi « corps avec l’oeuvre », sombre, excessif, en souffrance.
Elektra est une princesse déchue, anéantie par le meurtre de son père Agamemnon perpétré par sa propre épouse Clytemnestre et l’amant de celle-ci, Egisthe. Elle vit depuis comme une chienne sauvage et crie vengeance. Habitée de juste violence, hantée par son idée fixe, clouée par son hystérie, elle attend que son frère Oreste revienne et exécute les assassins de leur père. Terriblement déterminée, véhémente même, elle demeure néanmoins à la marge des événements, dépendante de la force des autres (sa soeur Chrysotémis, Oreste qui tarde à venir et qu’on dit mort) et laisse entrevoir sa fragilité, à la fois physique et psychologique.
La guerre de Troie a laissé des états dévastés, les nerfs à vifs, les corps éprouvés. Le palais royal où Elektra a grandi est transformé en prison, tout le monde y devient fou, ou alors est considéré comme tel. Strauss et Hofmannstahl, dans un coup de maître, chauffent leur matériau à blanc, jusqu’au sacrifice inéluctable, jusqu’à l’insoutenable extase.


Elena de Francesco Cavalli
Direction musicale : Leonardo Garcia Alarcon | Mise en scène : Jean-Yves Ruf | Cappella Mediterranea
Coproduit avec Marseille-Provence 2013, Académie européenne de musique, Théâtre du Jeu de Paume

La collaboration entre le librettiste-impresario Giovanni Faustini et le compositeur Francesco Cavalli engendra dix ouvrages lyriques, dont un opéra devenu célèbre de nos jours : La Calisto. Cette collaboration prit fin à la mort de Faustini en 1651. Mais ce dernier avait laissé plusieurs livrets à l’état d’ébauche, dont Elena que Niccolo Minato se chargea de compléter. Ce livret brode un argument de tragi-comédie autour des amours de la belle Hélène et de Ménélas, qui se travestit en Amazone pour approcher la jeune femme et provoque ainsi de nombreux quiproquos. La création de l’ouvrage eut lieu à Venise en 1659 et semble avoir eu du succès, car une reprise en est signalée à Palerme en 1651. Mais si le livret d’Elena a été édité et la partition elle-même recopiée à la demande de Cavalli à la fin de sa carrière, Elena n’a toutefois plus été représentée jusqu’au XXIe siècle. Le spectacle programmé au Festival d’Aix-en-Provence 2013 constituera donc la première production scénique de cet ouvrage depuis le XVIIe siècle.


Création mondiale | The House Taken Over de Vasco Mendonça
Livret : Sam Holcroft d’après Casa Tomada de Julio Cortàzar | Direction musicale : Etienne Siebens | Mise en scène : Katie Mitchell
Asko|Schönberg

Deux orphelins, frère et soeur, vivent seuls et cloîtrés dans la maison familiale, divisée en deux parties séparées par un vestibule. La fiancée du frère est morte et la soeur a repoussé tous ses prétendants. Les jours et les nuits se confondent, rythmés par le somnambulisme de la fille, et dessinent une courbe ininterrompue de litanies et de rituels : faire le ménage dans les deux « maisons », dépoussiérer les nombreux portraits de parents, tricoter puis défaire le tricot, décompter les timbres de la collection. L’extérieur est poussière qui s’introduit et qu’il faut éliminer, dans une manie de la propreté et de l’ordre. De temps en temps, ils observent la vie passer au-dehors, sans que le cours de leur vie recluse et millimétrée, ni l’équilibre de leur relation fusionnelle n’en soient jamais affectés.
Les morts flairent le péché. Dans ce monde de silence, la voix d’outre-monde de la soeur sans regard convoque le souvenir, en une berceuse interminable qui juxtapose passé et présent. Le jeu de flottement des temporalités, des espaces et des êtres contribue à faire basculer le réel, alors que le frère croit percevoir des présences hostiles dans les deux « maisons ». Effrayés, les deux jeunes gens se réfugient dans les pièces qu’ils pensent « salubres », puis dans le vestibule, et pour finir sortent dans la rue. Au terme de ce voyage immobile dans la maison coupée et de ce long deuil à deux, ils se séparent, au seuil de la folie.


Création mondiale | Juillet 2012

Une Situation Huey P. Newton de Jean Michel Bruyère et LFKs

Coproduit avec Marseille-Provence 2013, LFKs, Théâtre du Bois de l’Aune
Produit au Festival d’Aix-en-Provence en juillet 2012


Création musicale interculturelle |Juillet 2013

Alefba de Fabrizio Cassol | Création mondiale Ensemble Aka Moon
Coproduit avec Marseille-Provence 2013 et la Fondation Royaumont


Ballet | Juillet 2013

Roméo et Juliette de Sergueï Prokofiev | Chorégraphie : Josette Baïz | Danseurs de la Compagnie Grenade | Direction musicale : Kristian Järvi | Orchestre des Jeunes de la Méditerranée | Frédéric Nevchehirlian, Poésie-Rock
Coproduit avec Marseille-Provence 2013

Le Festival d’Aix-en-Provence présente Roméo et Juliette de Prokofiev, une production alliant danse et musique créée en collaboration avec le Groupe Grenade de Josette Baïz et avec l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Cette production réunissant environ 180 jeunes musiciens et danseurs, dont une centaine d’enfants et d’adolescents, a opéré une sélection des parties musicales dans la partition de Prokofiev, réduite à une heure environ, renforçant ainsi la dimension dramatique de l’ouvrage. Invité par le Festival d’Aix-en-Provence à se joindre au projet, le slameur Frédéric Nevchehirlian conçoit pour les danseurs plusieurs interventions déclamées sur le mode d’une poésie-rock inspirée des textes de Shakespeare.